Une petite histoire
des Montres qui font
"Ding-Dong"

 

L'histoire des montres sonnerie remonte pratiquement à l'invention des horloges.

On peut imaginer que ce fut grâce à la religion que les horlogers ajoutèrent aux horloges des mécanismes de sonnerie des heures.

Il fallait en effet appeler les ouailles à la messe. Le curé était sympa, mais il avait autre chose à faire qu'à aller tirer sur des cordes, tel le premier Quasimodo venu.

Par la suite, les horloges sonnèrent les heures. Cela permettait à un village d'avoir une heure commune, réglée sur l'horloge de l'église (ou de la mairie). Les rares personnes qui possédaient des horloges chez eux calaient leur garde-temps sur l'indication sonore de l'horloge principale.

La précision de ces horloges ne devait pas être excellente, mais c'était mieux que rien, et de toute façon, la vie devait alors s'écouler plus paisiblement.

Les premières horloges devaient donc sonner les heures. Puis on ajouta les demi-heures, et enfin les quart d'heures.

J'avoue ne pas avoir fait de recherche sur ce sujet, et ce sont donc des supputations. Je suis preneur de toute précision ou correction.

Les premières horloges de maison apportèrent elles aussi l'indication sonore du temps. Le problème, c'est qu'il fallait arrêter le système de sonnerie pendant la nuit, pour éviter de réveiller toute la maison chaque heure. Si le maître de maison voulait connaître l'heure en pleine nuit, il fallait qu'il se lève, allume une chandelle, et aille voir l'heure sur le cadran de l'horloge.

Les horlogers se sont donc penchés sur le problème, et on trouvé la solution : la sonnerie de l'heure à la demande. Le maître de maison pouvait, en pleine nuit et en pleine crise d'insomnie, sans sortir de son petit lit douillet avec sa couette en duvet d'oie sauvage, récoltées par de jeunes filles vierges le matin d'une nuit de pleine lune, tirer sur une corde placée au dessus de son lit et reliée à l'horloge, pour que celle ci se mette à sonner. Luxe et volupté suprême ! Cela réveillait toute la maison, mais comme c'était le maître qui l'avait commandé, personne n'osait rouspéter.

Les outils et les techniques s'améliorant, les dimensions des horloges continuaient de diminuer. On était passé d'horloges monumentales pesant quelques centaines de kilos à des horloges (de type Comtoise) qui n'en pesait plus que quelques dizaines.

Puis, les artisans horlogers réussirent à faire tenir le tout dans une petite horloge de table de quelques kilos.

Le système fonctionnait très bien.

Quand les premières montres de poches apparurent, c'est donc naturellement que l'on continua à fabriquer des montres à sonneries.

Le livre "Les Montres Compliquées", de F. Lecoultre attribue la paternité de la première montre avec sonnerie des heures à un horloger Genevois, Baptiste Duboule (1606 - 1684). Cette montre sonnait au passage, sur un timbre cloche.

Les premières montres à répétition sonnant à la demande furent conçues en 1676, par 2 horlogers anglais, de façon indépendante : Barlow et Quare. C'étaient des répétitions Quarts. Pendant près d'un siècle, les mécanismes n'évoluèrent pratiquement pas. Il fallut attendre le 18ième siècle pour voir 2 horlogers français y apporter des améliorations : en 1741, par Thiout l'aîné; puis, plus tard, par Julien le Roy.

Une grande avancée dans la miniaturisation fut l'arrivée des timbres, qui remplacèrent les anciennes cloches.

On peut voir ci-dessous la photo d'une répétition avec la ou les cloches (qui sont souvent emboîtées pour gagner de la place) :

Une répétition à cloche

Niveau taille, c'est moyen. Mais au niveau sonore, ça devait dépoter !

Je crois avoir lu quelque part qui a inventé le système de timbres qui font le tour du mouvement. Je pense que c'est Breguet, mais sans garantie.

On pourra aussi citer comme horlogers qui ont participé aux développements des montres à répétitions :

- M. Barbezat-Baillod, du Locle. Inventeur du système de régulation de la vitesse silencieux, basé sur la force centrifuge. Il remplaçait l'ancien système qui utilisait une petite ancre à recul, qui avait l'inconvénient de faire trop de bruit.

M. Piguet, horloger du Brassus, qui inventa un système appelé "Isolateur", dont je n'ai pas encore compris à quoi il sert (à isoler, d'accord, mais isoler quoi ?), et il ajouta aussi un ressort très faible au limaçon des quarts, et qui a une utilité assez obscure (en tout cas, pour moi).

 

L'arrivée de la fée électricité sonna le glas des montres à sonnerie. Elle permettait en effet d'avoir de la lumière simplement et instantanément. La très grande majorité des montres à sonnerie que l'on trouve en vente actuellement datent de la période 1750 à 1900. Ça fait quand même 150 ans ! Pas mal, comme longévité !

 

Mais réfléchissons un instant à cette histoire de maître de maison qui réveille tout le monde avec son horloge à 4 heures du matin. C'est la version "officielle" que l'on retrouve dans les quelques livres qui traitent de la question.

Ces livres oublient simplement de dire qu'il existait une autre façon de connaître l'heure dans le noir : Les montres à tact (en soulevant le verre et en touchant les aiguilles sur le cadran, pour connaître leur position et donc l'heure). Ce système est simple et bon marché, car il se contente d'un mouvement de montre simple. Les montres à sonnerie, au contraire, sont compliquées à fabriquer, à réparer, à entretenir, elles sont fragiles, et tout ceci implique qu'elles sont chères. Très chères.

La version "officielle" est donc valable pour les horloges murales (on tire sur une corde pour ne pas avoir à se lever de son petit lit douillet). Mais elle l'est beaucoup moins pour les petites horloges de table et pour les montres. Ces montres et horloges peuvent en effet se poser près du lit, sur la table de chevet, à portée de main du fameux Maître de maison.

 

Je penche personnellement pour une raison beaucoup plus simple : le Luxe !

En effet, autant n'importe quel domestique peut se payer une montre (ou horloge) à tact, autant seule la noblesse et la haute-bourgeoisie peuvent se permettre d'acheter une montre qui devait coûter l'équivalent d'une voiture (surtout en 1750, vont me dire les esprits chagrins). Essayez donc de frimer avec une montre à tact ("Tu veux toucher ?")

Les répétitions sont les complications les plus délicates et difficiles à réaliser par les horlogers (avant les calendriers et les chronographes). Il devait donc y avoir une certaine envie d'avoir ce qu'il y avait de mieux et de plus compliqué dans le domaine de l'horlogerie. C'est sans doute aussi pour ça que l'on trouve dans les ventes aux enchères des grandes maisons (Sothebies, Antiquorum, Christies, Drouot) des montres grandes complications, avec répétition minute, calendrier perpétuel, chronographe, ...

 

Les montres à répétition ont traversé une période sombre entre le début du XXième siècle et les années 1980. La mode était au Quartz. Les montres mécaniques dans leur ensemble ont beaucoup souffert. De plus, les montres de poche sont complètement passées de mode.

Dans les années 1980, des petits malins amateurs de montres répétitions qui voulaient pouvoir les porter au poignet ont racheté la très grande majorité des montres répétitions de poche de petite taille. C'étaient principalement des montres de poche pour femme. Tels des trafiquants d'organes, ils transféraient le délicat mouvement dans une montre bracelet.

C'est la raison pour laquelle il est devenu impossible de trouver des petits mouvements de répétitions.

La quasi totalité des mouvements que l'on trouve font entre 40 et 45 mm de diamètre. Les mouvements pour femme font entre 35 et 38 mm.

Donc, si vous tombez sur un mouvement de petite taille à un prix raisonnable, jetez-vous dessus, parce que la personne qui est derrière vous le prendra sans hésiter. Même s'il ne fonctionne pas (enfin, sauf s'il est vraiment à la limite de la ruine).

 

Actuellement, les principales marques horlogères ont dans leur catalogue une ou plusieurs répétitions. Ce sont généralement des rééditions de mouvements de montre de poche pour femme qu'ils mettent dans une montre bracelet.

Les prix sont effrayants : compter 200 ou 300.000 FF pour les premiers prix.

 

Voilà. C'est à peu près tout ce que j'ai trouvé sur l'histoire des montres sonneries. Ce n'est pas grand chose, mais le manque de sources ne m'a pas permis d'en savoir plus.

Si vous avez des informations supplémentaires, vous pouvez me les envoyer.

 

JJC

 

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